13 déc. 2015

Un avant-goût du Brésil & retour à Córdoba - Argentina.

        Etant maintenant sur le point d'entrer au Brésil, je voyais dans cette semaine d'ouverture sur la côte uruguayenne un bilan provisoire mitigé mais clairement positif. Tout d'abord, dominant tout le reste, cette sensation de liberté qui s'installait doucement, tant dans le rapport à l'espace comme dans celui au temps ! Et puis les paisibles plages de cet agréable pays, une météo favorable ces 10 premiers jours, et point important : le comportement sain de la moto malgré ses huit patchs à la roue arrière et la flagrante surcharge pondérale, quoique du coup un peu trop sensible au vent à mon goût. Une indéniable préoccupation par contre pour cet excès de bagages qui allégeait trop mon train avant, mais aussi pour les douleurs lombaires persistantes bien que légères... Et puis un peu cramé aussi d'avoir roulé tous les jours à l'exception de la pause à Colonia, et bien que les derniers jours n'aient couvert que de faibles distances. L'envie de se poser un peu était il faut dire limitée par le calendrier serré prévoyant d'aller jusqu'à Porto Alegre et d'être de retour à Córdoba pour le 18 septembre...
A ma grande surprise, ce problème de mal au dos a été immédiatement résolu par l'achat d'une gaine lombaire de voyage à mon arrivée à Chuy ! Les divers médocs essayés ces derniers jours ne parvenaient au mieux qu'à atténuer la douleur, mais après avoir couvert confortablement les 200kms qu'il me restait jusqu'à Rio Grande, j'ai eu le plaisir de profiter d'une soirée sans douleurs. Un bon point de réglé. :) 
Cette ville frontalière où je n'ai stoppé que le temps d'une pause repas et de quelques achats, juste à la limite entre l'Uruguay et le Brésil (une grande avenue sépare les deux parties de la ville, assez poilant), ne semble pas mériter un arrêt prolongé... Comme un aspect de station essence géante et une ambiance très commerçante, mais au moins il y est de nouveau possible d'espérer trouver des produits corrects à des prix corrects. Appréciable quand même après 4 ans en Argentine et 1 semaine en Uruguay...
La route pour entrer au Brésil par Chuy est clairement d'abord une ennuyeuse ligne droite de quasi 300kms depuis Punta del Diablo, mais on y apprécie aussi un changement progressif de végétation et le passage à travers la réserve écologique "Do Taim", à traverser avec prudence pour préserver la foisonnante faune locale. Je crois d'ailleurs qu'éviter de tamponner une "tapivara", sorte de rongeur de la taille d'un gros chien, participe aussi à se préserver soi-même, particulièrement quand on roule à moto !
Arrivé en début de nuit au centre de Rio Grande, j'ai renoué avec les joies de la navigation à vue pour ne pas avoir chargé de carte du Brésil dans le GPS, et me suis installé dans un hostel repéré la veille sur internet, accueilli par les mises en garde des locaux sur les chances de survie de ma moto à une nuit sur le trottoir : la police étant en grève depuis 2 mois, les affaires ont repris allègrement dans la zone... Par chance, Alice que j'avais rencontrée en Uruguay habite à deux pas, et elle m'a régalé de quelques tequilas en soirée de bienvenue "na Brazil" ! :)
Je dois dire que j'adore comment sonne cette langue, et que c'était un plaisir que d'effleurer pour quelques jours ce pays si attirant. La pluie battante du lendemain d'abord, mais surtout l'envie de se poser et de profiter de ces contacts pour mieux comprendre la zone m'ont fait changer de plan : au lieu de pousser comme un âne batté sous la flotte jusqu'à Porto Alegre, je me suis accordé 3-4 journées de pause à Rio Grande où vit Alice et à Pelotas où vivent Camila & Karina, ces deux villes n'étant séparées que par un court trajet de 60kms - qui allait pourtant se révéler épique.




        La météo défavorable et la basse saison m'ont offert une image passablement endormie de cette ville assez jolie, mais le challenge de la langue en général et celui de l'achat et emploi d'une carte SIM locale ont suffi pour animer ma journée, que j'ai terminée par un détour au Museu Oceanográfico (prononcer le "o" final comme "ou" :P), assez intéressant bien qu'un peu petit. Je me suis bien marré avec la tête de poisson façon Bad Boy ! :D





        Le trajet du lendemain s'annonçait facile et rapide avec ses modestes 60kms, d'autant que je comptais essayer une nouvelle répartition des bagages : installer un sac type sacoche PC acheté à Chuy sur l'avant de la moto, au dessus du phare, et y caler un max de poids pour ré-équilibrer l'ensemble (thermos+gourde+mate/café). Un résultat désastreux dès les premiers mètres en terme de maniabilité, qui a même empiré une fois lancé à 70-80km/h en raison de la perte d'aérodynamisme, le sac imparfaitement plaqué faisant prise au vent et allégeant ainsi l'avant au lieu de le plaquer au sol... Et pour achever le tableau, ce trajet a été pimenté par un très fort (et glacé) vent de sud-est rendant quasi impossible un rythme supérieur à 50-60km/h sur une quatre-voies, régulièrement dépassé par les camions et tentant même brièvement une fois de m'abriter derrière en roulant sur la bande d'arrêt d'urgence à son rythme...
Arrivé épuisé mais content de ne pas avoir chuté (j'ai cru plusieurs fois que je n'y couperais pas), je me suis calé dans un hostel sympa - Posada do estudante, et ai retrouvé mes deux guides : Camila & Karina. La ville de Pelotas m'a semblé vraiment jolie dans l'ensemble, et les quelques jours passés ici et à Rio Grande à découvrir la zone avec ces hospitalières locales m'a indéniablement donné envie de revenir dès que possible parcourir ce pays. Cette zone de l'extrême sud de ce gigantesque territoire offre déjà un agréable environnement de plages et lagunes, les villes s'organisant autour du transport fluvial dans un style original mélangeant du colonial retapé, du populaire coloré, et un peu de contemporain malgré la baisse d'activité frappant peu à peu la région.







        Pas possible de traîner plus longtemps sur place, mais pas moyen non plus de repartir sans au moins jeter un coup d'oeil à Praia do Cassino dont m'avait parlé Alice, et je l'y ai donc retrouvée sur le trajet du retour de Pelotas à Punta del Diablo. Une magnifique et gigantesque plage avec de belles dunes, agrémentée d'une sorte de gué / brise-lames de 6kms de long (Molhes da barra do Rio Grande) que l'on peut visiter en marchant ou emmené sur un char à voile sur rails !
Connaissant malheureusement le temps de trajet important pour ces 300kms, je ne me suis pas lancé sur cet aller-retour d'une bonne heure et ai décollé vers 16h direction l'Uruguay, heureusement de retour à la config sans la sacoche PC à l'avant...
Erreur pressentie et confirmée : voyager de nuit c'est pas terrible ! J'ai pu atteindre la sortie de la réserve do Taim avant que ne s'éteignent les dernières lueurs du jour, mais les deux dernières heures de route se sont faites dans la nuit noire, avec comme coup du sort l'ampoule du feu de croisement qui me lâche... Je vous raconte pas le nombre d'appels de phare que j'ai ramassés pour rouler plein phare sans autre option ! Et pour couronner le tout, mon compteur de vitesse/distance m'a lui aussi lâché à hauteur de Chuy. Pour la vitesse je me débrouille avec l'expérience de celle ressentie, mais côté nombre de bornes parcourues depuis le dernier plein c'est plus compliqué... Heureusement les stations ne manquent pas et il suffit pour cela de faire le plein régulièrement sans s'approcher de la réserve.
Arrivé à 22h à l'hostel de la Viuda que j'avais apprécié à l'aller, je me suis de nouveau calé sur le mirador à coller sur la voie lactée après de délicieux "sorrentinos al queso de cabra" chez El Tano.









        Après avoir changé l'ampoule et vérifié certaines causes possibles de l'arrêt du compteur (en fait le câble et sa connexion aux deux extrémités) sans y trouver de problème visible, je me suis permis une pause sur la plage pour y prendre un ptit déj' improvisé (grasse mat' oblige) et surtout tenter de voir des baleines dont on avait signalé la présence 1h auparavant. Choux blanc, j'en ai pas vu une seule depuis le haut de ma dune sur la petite demi-heure que je suis resté. Mais ce ptit déj' le cul dans le sable valait le coup à lui seul !
La route jusqu'à Atlántida (juste avant Montevideo) ce jour puis jusqu'à Gualeguaychú - Argentina le lendemain m'a ramené en express à quelques bornes derrière ces belles plages que je garderai comme image dominante de l'Uruguay, pour ce que j'en ai connu. Mais la température qui ne cessait de doucement remonter pour sortir de l'hiver m'a enfin permis de remiser les gros gants chauds pour ceux d'été plus confortables, un appréciable symbole de l'amélioration météo à venir. Et j'ai enfin pu gouter ce fameux surubí à Gualeguaychú, qui mérite effectivement ses louanges. Délicieux avec un simple jet de citron !










        La route depuis Gualeguaychú jusqu'à Córdoba a été particulièrement ennuyeuse, une interminable ligne droite coupant à travers une campagne sans arbres et parsemée de quelques vaches et chevaux... Après une première nuit à Santa Fe et une seconde à Miramar - sur les bords "del Mar Chiquito" - où j'ai pu voir fonctionner un antique réfrigérateur des années '40, je suis finalement arrivé à Córdoba pour une dernière nuit avant de retrouver la troupe de porteños et commencer dans les alentours une semaine de vadrouille mode Joe Bar Team... :)







        Et Córdoba est une ville qui sait recevoir, il faut le dire. "Deuxième capitale de l'Argentine" comme on l'entend souvent, cette ville de bientôt 2 millions d'habitants présente une grande richesse architecturale et des cathédrales à tous les coins de rue, une animation culturelle et nocturne impressionnante pour le moment de l'année, et quelques bonnes surprises culinaires comme ce "cabrito al horno" (chevreau au four) dégusté dans un resto du centre - un pur régal !






        Le lendemain j'allais retrouver les porteños à Tanti, petite ville à l'ouest de Villa Carlos Paz - elle-même à une cinquantaine de bornes à l'ouest de Córdoba - où la famille de Toto mettait à notre disposition une maison de campagne (merci à eux !) pour y larguer les affaires avant de partir en vadrouille dans les alentours. Je recommande pour cette portion de trajet la route 73 dite "camino de las 100 curvas", une agréable série de virages le long d'un ruisseau de forêt... Du bonheur après les ennuyeux 1.150kms tout droit en pleine campagne de Montevideo à Córdoba ! On sort de la forêt à hauteur du barrage San Roque à l'origine de ce lac artificiel, dont la rive sud abrite la station balnéaire de Villa Carlos Paz. J'y ai fait une pause déjeuner en bord de plage avant de continuer vers Tanti et d'y retrouver les "cabritos" - surnom du groupe pour cette occasion en référence aux chemins escarpés au menu de la semaine, arrivés pour leur part le matin même après avoir roulé toute la nuit depuis BsAs et déjà en balade dans l'aprem...







        J'ai su dès les premiers moments passés avec eux que cette semaine à découvrir les sierras cordobesas et la conduite sur chemin de terre allait être grandiose ! :)
Sur la photo de droite où on prend l'apéro le soir (oui je sais, l'iphone montre ses limites en photo de nuit), je vous présente de gauche à droite los cabritos porteños : Carlos, Toto, Chincho, et Dany !




11 nov. 2015

Départ pour une petite virée sur la côte de l'Uruguay !

        Après ma démission mi-juin 2015 d'Arsat, j'ai préparé en une dizaine de jours un déménagement international express, qui a en fait consisté en un set de quatre valises (32kg chacune tout de même) + un sac à dos & ma gratte en bagages de cabine que j'ai moi-même emmenés en France pour de très attendues retrouvailles avec famille & amis que je n'avais pas vus depuis trois ans ! Un séjour mémorable de deux intenses petites semaines partagées entre Paris, Bordeaux, et Toulouse, à festoyer et échanger des nouvelles, ainsi qu'à faire connaissance avec les quelques marmots apparus pendant mon absence. Je n'ai malheureusement pas réussi à voir tout le monde dans ce court laps de temps, mais je me rattraperai au retour avec une grande tournée européenne ! Encore un grand merci à toute la troupe, c'était si bon de vous revoir, et votre accueil m'a fait chaud au coeur ! :)
Puis après un détour d'une semaine à Montréal pour rendre visite à une amie vivant sur place et découvrir la zone, je suis rentré mi-juillet à Buenos Aires pour y vendre tous les biens qu'il me restait - un moment vraiment libérateur je dois dire, "Ce que tu possèdes finit par te posséder !" comme dirait Mr Durden - et préparer mon départ.
Le préavis de sortie de l'appartement étant fixé au lundi 31 août, ce furent donc six semaines intensives à gérer en parallèle la préparation de la moto et des bagages, la vente des meubles et affaires, les soirées d'au-revoir aux locaux, et la restitution de l'appartement.




        Je ne m'en suis finalement pas si mal sorti avec la moto correctement préparée et l'appart' rendu dans les temps et dans un état correct. La sélection de bagages par contre, comme je l'ai découvert au moment de décoller, demandait encore un peu de travail... 
Une fois rendues les clefs de l'appart', j'ai su dès les premiers mètres avec la moto, dans le demi-tour serré et la montée de sortie du garage, que j'allais devoir rester une journée de plus dans la zone pour une deuxième session d'écrémage plus sérieuse qu'un demi-sac de fringues ! Direction l'atelier des amis Carlos & Lucas, qui m'ont une fois de plus sauvé la mise en m'hébergeant à l'étage de leur garage, sur les bords du rio Luján. J'y ai passé la fin de journée et la soirée à sélectionner ce qui me paraissait le plus superflu et à re-travailler la distribution des bagages restants, cherchant à faire descendre le poids et donc le centre de gravité... 
Ce qui a giclé, en vrac : une petite dizaine de bouquins (eh oui !), les 3/4 des produits de maintenance (liquide de refroidissement / liquide de freins / eau déminéralisée pour la batterie & seringue pour la remplir / huile de fourche / spray de chaîne liquide pour asperger les pneus en cas de neige / filtre à huile & filtre à air récupérés à Córdoba), le kit de plongée (masque / ordi de plongée / carnet / calculette nitro) que j'espérais pouvoir utiliser 2-3 fois pendant le voyage, quelques produits en double (spray anti-moustiques & crème solaire), 2 sangles élastiques, 1 chargeur de piles, les 2 étuis des filets d'acier PacSafe pour les sacs étanches, les sangles de transport des 2 sacs étanches, et une sacoche PC. A vue de nez, près d'une dizaine de kilos de gagnés !

        Et après une bonne nuit de repos dans le canapé de bureau de l'étage, je suis réveillé vers 7h du mat' par des bruits de vent fort et comme un clapotis au RdC : "la sudestada is in the house" ! Effectivement, ce vent venait du sud-est et commençait à faire déborder le rio au point d'atteindre déjà la moitié de l'atelier - fortement exposé car juste au bord du rio - au moment où je suis descendu contrôler son avancée... J'ai décalé la moto vers la sortie du garage et monté les bagages dans l'escalier, mais l'eau avait déjà atteint la rue et il était trop tard pour réellement sortir sans patauger dans quelques dizaines de centimètres de flotte !




        Il m'a fallu attendre quelques heures avant que le niveau ne baisse suffisamment et que je puisse charger la moto pour un run d'essai et de validation de la nouvelle sélection de bagages. Ce test se révélant heureusement concluant, j'ai pu effectuer mes dernières obligations préalables au départ (restitution du boitier WiFi au FAI local & dépôt de quelques liasses de billets en trop sur mon compte) et manger un morceau avant de prendre la route. La TV du resto diffusait des alertes météo et autres annonces d'inondations dans toute la région, mais il était hors de question de repousser davantage le départ ! 
Après l'au-revoir à Carlos & Lucas (j'allais retrouver Carlos le 18 septembre à Córdoba) et à quelques uns de ses amis présents, j'ai enfin largué les amarres vers midi, direction Gualeguaychú à la frontière entre l'Argentine et l'Uruguay. Un petit trajet de 200kms pour commencer en douceur, mais c'est finalement en moyenne assez proche de la distance que je couvrirai ensuite par jour de roulage. 





        Comme vous l'imaginez, malgré la manoeuvrabilité fortement réduite de la moto et la prudence de mise pour ne pas se mettre au tas dès le début du voyage, les premières dizaines de kilomètres se sont faites avec une put*** de banane sous le casque ! :)
Sortant de Tigre en direction de Zárate, mon trajet a commencé par celui que j'empruntais depuis un an pour me rendre au bureau (avant ça je vivais un poil plus bas), et c'est avec un plaisir certain que je l'ai parcouru une dernière fois avec la moto version road-trip, passant devant la station sol de Benavídez avant de continuer pour une fois vers le nord par le "ramal Escobar" de la ruta 9 - alias "Panamericana", cette même route qui me fera sortir d'Argentine et passer en Bolivie à travers La Quiaca & Villazón.
Je n'ai pas eu de soucis avec les inondations ni même de pluie sur le trajet, mais un fort vent latéral et une sensation thermique de 3˚C m'ont tenu compagnie jusqu'à l'arrivée en fin d'après-midi sur Gualeguaychú. Pas si étonnant pour un départ en fin d'hiver... Seul un léger mal de dos est venu minorer mon plaisir sur ce trajet, dû aux multiples manipulations de lourds bagages ces derniers jours.

        Je n'avais pas encore le réflexe d'utiliser le GPS en arrivant dans une nouvelle ville et n'avais fait aucune réservation de logement, pour le plaisir de la jouer "jazz", mais après quelques zig-zags au hasard j'ai rapidement trouvé le centre-ville et un hôtel avec parking, de bonne qualité je dois dire, bien qu'à un tarif assez élevé (500 AR$) qui m'a par la suite poussé à regarder la veille sur internet les diverses options disponibles.
Cette entrée de parking a d'ailleurs été l'endroit de la première gaufre du voyage (et jusqu'ici la dernière, tout du moins avec moi sur la moto) : ayant pilé devant l'hôtel après avoir vu cette entrée, j'ai laissé la moto garée quelques mètres plus loin le temps de vérifier disponibilité & tarif. En voulant ensuite faire demi-tour pour entrer la moto, je me suis laissé surprendre par le poids à basse vitesse et n'ai pu retenir sa chute lorsqu'elle a commencé à m'échapper... Je suis pour ma part resté debout et la moto n'a subi aucun dégât grâce aux protections installées, mais il m'a fallu l'aide du réceptionniste et de deux passants compatissants pour la relever !
Je me suis remis de cette première journée en goûtant un "boga" à la parrilla (au barbec' - très bon) dans un resto de la "costanera" (bord de rio) à défaut du fameux "surubí" que j'espérais enfin découvrir mais se révéla non-disponible ce jour, et découvrais avec une certaine émotion en ouvrant mon K2R les mots laissés 9 ans plus tôt par les marmaillons... Les premières notes posées sur ses pages blanches préparaient l'ouverture du blog et l'Uruguay m'attendait sur l'autre rive ! 




        Le lendemain, après avoir rempli mes 4 jerrikans d'essence côté argentin en prévision de l'augmentation de tarif de l'autre côté et pris un petit déj' en terrasse consacrant mon statut de touriste sans contraintes, j'entrais sans difficulté en Uruguay en tant que résident argentin, oubliant de présenter mon passeport français pour le tampon souvenir, direction Colonia del Sacramento. Un trajet tranquille de 250kms avec une météo plus clémente, passant par Dolores, Nueva Palmira, & Carmelo.
Je ne saurais dire si c'était toujours l'euphorie du départ, mais j'ai de suite apprécié l'Uruguay et trouvé sa campagne assez jolie sur cette portion, avec des routes légèrement vallonnées et en bon état. J'ai même eu un bon contact avec des agents de la circulation qui m'ont signalé un excès de vitesse par un simple avertissement et une amende conditionnée à un prochain excès. J'ai apprécié la façon de traiter l'événement - avec professionnalisme & bonne humeur - et adapté par la suite mon rythme avec une franche bonne volonté, de celle inspirée par le respect mutuel (et donc pas eu à payer l'amende en sursis). De manière générale, les uruguayen(ne)s m'ont paru sympas et intéressants, et j'ai apprécié quelques détails comme la préférence à l'eau embouteillée localement, un signe parmi d'autres d'une population cherchant des solutions pour de meilleurs lendemains.




        Etant arrivé à la tombée de la nuit (20h) à Colonia, je suis resté le lendemain pour visiter sa vieille ville et profiter de cette ambiance détendue de lieu touristique en hors-saison. J'avais heureusement tiré la leçon du tarif élevé de la nuit précédente et trouvé sur booking.com une petite auberge sympa à la facture plus raisonnable (35 US$/n).
Les "chivitos" (plats ultra-protéinés servis en sandwichs ou à l'assiette contenant en plus du classique set de crudités & fromage une tranche de viande "lomito" + une tranche de jambon + un oeuf au plat) du sympathique Jorge (petit poste sur l'avenida Flores, quelques discussions intéressantes sur "Pepe" Mujica entre autres) et du resto el Torrón ont comblé mes petits creux et m'ont donné l'occasion de remplir quelques pages supplémentaires du K2R.







        Le trajet de Colonia à Montevideo et cette capitale en elle-même ne m'ont pas semblé d'un grand intérêt (vieille ville très décevante même), mais je recommande chaudement un resto du nom de "Ruffino" (au coin de San Jose & Héctor Gutiérrez Ruiz, au pied de l'hôtel où j'ai séjourné) où j'ai savouré une crème brûlée mangue/fruits de la passion tout à fait réussie ! 
Comme vous l'aurez remarqué, ce début de voyage a été un véritable festival de restos, et cela va durer encore un moment avant que l'euphorie du départ et la flemme de cuisiner ne soient tempérées par l'explosion de mon budget estimé... :P




        Celui de Montevideo à Punta del Este en revanche m'a fait longer de bien jolies plages, me faisant multiplier les arrêts pour profiter du plein soleil qui venait adoucir cette fin d'hiver. J'ai particulièrement apprécié le sable ultra-fin et la tranquillité de Piriápolis, et bien que Punta del Este n'ait pas été à la hauteur des commentaires qu'on m'en avait fait (très Côte d'Azur en hors-saison en fait), c'est avec le sourire en coin que j'y ai flâné le soir et le lendemain matin.
Un détail tout de même venait régulièrement me gêner depuis le début du voyage : la distribution des bagages que je ne cessais de re-travailler pour optimiser l'accessibilité des objets les plus utilisés, et surtout le fait de descendre chaque soir les deux sacs étanches pour les ré-installer le lendemain matin... Un problème résolu ce soir-là par le transfert des fringues du sac de rando vers le sac étanche qui le contenait, me permettant de laisser ce sac de rando sur les deux autres avec seulement les fringues de protection pluie & froid et de l'utiliser chaque soir pour déplacer en une fois les divers essentiels que j'ai placés dans le top-case : trousse de toilette / chaussures pour sorties du soir / sacoche ordi (contenant MacBook + disque dur + K2R) & câbles (alims ordi / tel / GoPro) / café-maté & repas rapides de soupe/pain/fromage/viande séchée / thermos & gourde).





        Après un nouveau trajet agréable malgré le mal au dos persistant depuis le départ, et la découverte d'un sandwich brésilien gargantuesque du nom de "Bauru" du côté de La Paloma, le point de chute suivant était le petit village d'Aguas Dulces, proche de Cabo Polonio où j'avais prévu d'aller le lendemain. Le bled était malheureusement et désespérément éteint ce soir-là, au-delà de ce à quoi je m'attendais pour un dimanche soir hors-saison, mais le sympathique hostel (auberge de jeunesse) m'ayant servi de base pour la nuit hébergeait aussi un groupe de trois brésiliennes avec qui j'ai sympathisé (en "portuñol") et pris RdV dans leurs villes de résidence justement prévues sur mon parcours : Alice de Rio Grande et Camila & Karina de Pelotas. Prazer chicas :)
Et cela reste tout à fait secondaire en comparaison du plaisir de rencontrer des gens sympas, mais quel bonheur de n'avoir enfin qu'un unique sac à emmener vers le logement du jour !







        La réserve naturelle de Cabo Polonio, située à une dizaine de kms en dessous de Aguas Dulces, était à l'origine un village de pêcheurs aujourd'hui plutôt axé sur le tourisme. Aucun véhicule n'est autorisé à y entrer, et en fait bien peu le pourraient en raison des quelques kilomètres de dunes à traverser pour y accéder... C'est en camion-navette que l'on s'y rend, depuis la terminale où sont laissés les véhicules des visiteurs. Après avoir récupéré mon sac de rando fourre-tout providentiel et laissé la moto sous un arbre, je suis donc moi aussi monté dans un de ces camions pour un trajet d'une petite demi-heure assez sympa à travers "los medanos", jusqu'à la plage longée sur quelques kilomètres de plus pour atteindre le village. Et effectivement, je ne passais même pas en rêve avec la moto, sans parler de la version chargée avec les bagages !





        L'arrivée sur place ne laisse aucun doute : ici c'est "roots" ! :D
Beaucoup de constructions sont faites en matériaux de récup', la plupart arborent de petits panneaux solaires et/ou éoliennes modestes - le reste fonctionnant sur groupes électrogènes, de petites zones de potagers & végétation sauvage entourent des maisonnettes colorées sans délimitation de terrain, des animaux s'y baladent en liberté (chevaux / cochons / moutons / poules), et l'ambiance y est clairement à une vie relax. :) Et ce calme... Pas un bruit de moteur, juste le clapotis des vagues sur la plage. Un changement radical en comparaison de BsAs et ses pots d'échappement faits maison !




        Après avoir largué mes affaires à l'hostel Viejo Lobo, je suis parti découvrir les environs et en fait tout d'abord manger un morceau en bord de mer : un "gatuzo" à la plancha, bercé par le va-et-vient des vagues venant lécher le pied de la terrasse... Un grand moment de détente !





        La balade digestive a été un vrai plaisir, entre collines verdoyantes et plages rocailleuses, à flâner au pied du phare édifié en 1880 (accès fermé à l'heure de mon passage) et à observer la colonie de loups de mers dans son interminable jeu de "Dégages de là, je vais squatter ta place tant qu'elle est chaude !". A tort ou à raison, j'y ai reconnu un comportement social étonnant similaire à celui de l'espèce humaine, le plus gros venant imposer ses droits et laissant le délogé se démerder à trouver un autre plus petit à éjecter pour retrouver une position satisfaisante, en attendant la prochaine expulsion... :P





        De retour à l'hostel, j'ai fait la rencontre de mes trois sympathiques collocs du jour : Risa, une canadienne en voyage, et Dimitri & Eleonora, respectivement grec et italienne, tous deux prenant quelques jours de repos après six semaines d'activité à Montevideo sur un projet pour l'ONG Rights4water. La soirée a été meublée de discussions intéressantes sur les parcours de chacun et la récente activité de Dimitri & Eleonora, l'actualité internationale, l'aventure de Syriza, et la propriétaire de l'hostel (Vicky) nous a éclairés de quelques chiffres et informations sur le lieu : environ 300 logements construits et interdiction d'en construire plus (et de camper), le passage d'entre 20 & 60 habitants à l'année aux quelques 2.500 touristes en haute saison (heureusement que je suis passé en basse saison ! :x), et comment les locaux s'organisent pour vivre sans connexion aux réseaux d'eau & d'électricité. Après une escapade nocturne sur la plage à se divertir du plancton phosphorescent qui s'illuminait sous nos pas (stress hydrique par déplacement de l'eau du sable sous notre poids), on a poursuivi nos discussions à la bougie jusqu'au milieu de la nuit. 
La session de prise de notes dans mon K2R sur la plage au petit matin a elle aussi été assez magique, d'une tranquillité comme je n'en avais plus ressentie depuis longtemps, avec seulement quelques pêcheurs s'affairant à un peu de maintenance sur leur bateau sorti de l'eau...
Et cerise sur le gâteau, le ptit déj' nous a été amené par un habitant de la zone, Lucio, qui passait de maison en maison proposer les odorants pains & gâteaux préparés par lui et sa femme Edith. Non-content de régaler mes papilles de si bon matin, il m'a ensuite invité à passer chez eux partager un maté et papoter pour faire connaissance... Gracias a Uds Lucio & Edith por tanta buena onda ! :)
Sans hésitation, je recommande ce petit coin de paradis comme l'un des meilleurs spots de l'Uruguay pour ce que j'en ai vu, à ne pas manquer si vous passez dans le coin !

        De retour à la terminale en milieu d'après-midi, et sachant que le trajet jusqu'à Rio Grande - Brazil - serait d'une distance non-négligeable pour mon petit rythme, je me suis contenté de m'approcher de la frontière en passant une dernière nuit en Uruguay du côté de Punta del Diablo, un modeste trajet d'une soixantaine de kilomètres.
Arrivé sur place peu de temps avant le coucher de soleil, je me suis régalé d'un cazón à la parrilla (petit requin) et installé dans le superbe "hostel de la viuda" où j'ai fait la connaissance de Christin, une allemande sympa en vadrouille dans la zone. Pour terminer cette agréable soirée en douceur, je me suis calé à profiter du peu de pollution lumineuse environnante révélant toute la profondeur de la voie lactée depuis le mirador de l'hostel, sorte de terrasse sur pilotis de deux étages accolée au bâtiment principal... Juste magique !






Au programme pour le lendemain : Brazil ! :)