18 mars 2016

Arrivée sur la Cordillère des Andes

        Cap à l'Ouest, direction la Cordillère ! Enfin ! 
Mon petit détour par la côte Atlantique (4.000 bornes quand même, mais ça passe vite !) et la semaine entre potes dans les relativement bas reliefs de Córdoba m'avaient ouvert l'appétit, mais je l'ai plutôt vécu comme un tour de chauffe avant le vrai départ... Et maintenant je n'étais plus qu'à quelques jours de route de ces lacets et cols andins ! :)
Je me suis quand même d'abord calé la première vraie pause du voyage pour récupérer de cette longue série de roulages (seulement 3 jours sans bouger sur les 25 derniers :P), visiter un peu Córdoba, faire un peu de nettoyage & maintenance sur la moto après cette session ripio, installer les deux derniers bidons d'essence sur l'avant des valises latérales, ajouter plus de pré-charge à l'amorto pour mieux compenser l'excès de bagages, et enfin faire redresser la jante avant voilée peut-être en bonne partie responsable de ces oscillations si gênantes constatées dans les zones sableuses de notre escapade... Et ça tombait bien en terme de météo, il a plus toute la semaine sur Córdoba !
Je voulais aussi aller faire un tour de parapente du côté de La Cumbre (nord de Córdoba) avec un mec rencontré quand je prenais des cours de parachutisme sur BsAs, André et son "Aero-Atelier", et remettre mes roues dans un peu de ripio avec tous les bagages chargés, juste pour voir. Une agréable balade par la R54 à l'aller où j'ai pu apprécier le comportement sain de la moto chargée sur ce beau chemin de terre passant près du mont "Pan de Azúcar", et passage rapide par l'Aero-Atelier pour saluer André avant de continuer vers le spot de parapente à Cuchy Corral, un mirador sur le Rio Pinto d'où décollent les voiles. Les conditions météo n'étaient malheureusement pas bonnes malgré l'absence de pluie - trop de vent - et j'ai croisé sur l'arrivée au mirador les derniers parapentistes qui quittaient le lieu. Un bien joli spot pour une pause café ! :)
Petite aparté sur un point technique qui j'espère sera transparent pour vous : fini les 100Mo de Blogger - 2'30" c'est vraiment pas gérable, je posterai maintenant des liens vers YouTube pour du HD grand écran (720p).   ;)









        Après ces quelques jours de repos & bricolage, j'ai enfin décollé vers les Andes en passant par un musée du Che dans la maison d'une partie de son enfance à Alta Gracia, touchant, et par un col de las Altas Cumbres pris dans un nuage. J'y ai appris à faire des pauses plus souvent quand le thermomètre installé sur le guidon descend à 4˚C ! 
Une fois quitté Mina Clavero où j'ai passé la nuit, les courbes se sont malheureusement faites de plus en plus étirées et espacées jusqu'à finir en d'immenses lignes droites au milieu de paysages désertiques, de plus en plus arides à mesure que je m'approchais de la Cordillère. Mon étape suivante à Luján (3.000 hbts) n'a duré qu'une nuit grâce à l'aide de Fernando, un local rencontré autour d'un burger qui m'a sorti une épine du pied : la veille la moto avait accroché sur une pierre au niveau du point d'attache de la béquille centrale, tordant et cassant la vis qui malheureusement sert aussi de fixation au repose-pied... Et il faut avouer que c'est pas pratique de pas savoir où poser ton pied quand tu roules ! Une partie de la vis tordue était donc restée coincée dans le trou la recevant, et Fernando est parvenu à la sortir en forant au milieu, me permettant de la remplacer par une neuve que j'avais d'avance. 
Les deux jours suivants se sont résumé à d'interminables lignes droites où les arbres ont progressivement disparu au profit des buissons épineux, la terre devenant plus rouge et ocre, et la bande de bitume en bon état de plus en plus étroite au fil que je m'enfonçais dans les terres abandonnées par l'Etat & les hommes... Quelques animaux seuls ou en troupeau coupent parfois la route, et quelques huttes de terre crue ou d'assemblages de matériaux couvertes de branchages ou de tôles apparaissent de temps en temps au milieu des buissons, mais globalement le temps y semble assez long ! Rien à dire sur Chepes où j'ai passé la nuit entre ces 2 jours, sinon que je ne recommande pas d'y faire étape : logement & bouffe pourris, sans aucun doute la pire étape de mon voyage.
Malgré un impressionnant et divertissant petit écroulement de chaussée suite aux inondations de 2014 en roulant vers San Juan, ce n'est qu'en approchant de Villa San Agustín del Valle Fertíl (VSA pour la suite) que la route a recommencé à devenir sympa avec à défaut de courbes horizontales (virages) au moins quelques courbes verticales épousant les "vadenes" naturellement creusés dans le décor par l'écoulement des fontes de glace des sommets proches. 
Vous noterez dans les prochaines vidéos quelques rares plans où j'ai déposé la GoPro sur le bord de la route pour me filmer en train de passer devant... 10mn de pause entre manipulations & aller-retour pour 10s d'images sympas qui changent de la prise sur le casque, profitez-en bien parce que ça m'a vite gavé et je n'en ai fait que quelques uns !
Arrivé en début de soirée sur VSA, je me suis calé dans un hostel sympa et me suis remis avec un petit cabrito asado en planifiant ma visite du lendemain au fameux "Valle de la Luna" dont j'avais entendu parler avant même de quitter BsAs par l'ami Pingo.   :)














        Cette jolie zone entre La Rioja & San Juan comprend deux parcs majeurs d'Argentine, l'un sous autorité provinciale / accessible avec son propre véhicule / pas cher (100 Ar$ / 7 US$) - Ischigualasto alias Vallée de la Lune, et l'autre sous autorité nationale / accessible en navettes organisées / un peu plus cher (450 Ar$ / 30 US$) - Le Canyon de Talampaya, séparés l'un de l'autre d'une trentaine de kms. Franchement les deux valent la peine et sont très différents l'un de l'autre. 
Ce qu'ils ont en commun aussi est l'absence de logement touristique à au moins 70 bornes à la ronde, VSA au sud étant le plus proche, et Villa Unión une alternative à 80kms au nord. L'idée est donc soit d'aller d'une de ces deux villes à l'autre dans la journée en se faisant les 2 parcs d'un coup - pas évident à mon avis car chacun prend facile 3h, soit de se poser dans une de ces villes et faire quelques aller-retours depuis cette base. Je pensais pour ma part opter pour la première stratégie, mais j'ai été contraint à la seconde après avoir non seulement fait ma deuxième chute à l'arrêt du voyage (en mettant la roue avant sur un relief de béton à la descente de la béquille centrale... toujours aucune en roulant par contre, je touche du bois !), mais surtout pour m'être ruiné les lombaires à essayer instinctivement de retenir sa chute et ensuite tenter de la relever sans enlever les bagages pour ne pas perdre une 1/2h ! 
J'ai bien senti sur le coup que j'avais merdé et me suis aussitôt posé pour décharger en douceur. Le planning du jour s'est réduit à une injection dans le cul prescrite par le couple proprio de l'hostel (lui kiné & elle pédiatre) et une méchante session de tri des bagages, en laissant pour le lendemain le seul Valle de la Luna, et en théorie le Canyon de Talampaya & Villa Unión pour le surlendemain. Mais je ne réalisais pas encore à quel point je m'étais ruiné...
J'en avais décidément ma claque de cet incroyable excès de bagages, et ai donc passé l'après-midi à trier le "vraiment nécessaire" du "pas mal à avoir au cas où". Au final, c'est un des deux sacs étanches plein que j'ai renvoyé par courrier postal à Carlos à BsAs, 10kg de moins qui ont aussitôt fait une différence appréciable sur la conduite ! Ce qui a giclé pour aller remplir ce sac, en vrac : les chaussures moto en cuir qui me servaient surtout pour marcher à part quand j'ai prêté mes bottes à Dany, une veste imperméable qui faisait doublon avec une cape imperméable décathlon que je pensais n'utiliser qu'en piéton, une veste coupe-vent que j'espérais avoir pour des sorties treks comme le Machu Picchu, le camel-bag que je n'utilise jamais, le matelas gonflable qui aujourd'hui me manque un peu maintenant que j'ai commencé à camper, un jean kevlar que décidément je n'aurais presque jamais porté, la sacoche achetée à Chuy pour tenter d'ajouter du poids à l'avant - expérience peu concluante et abandonnée, le hamac de poche prêté par Nico, le chargeur de batterie moto & le multimètre, la moustiquaire de camping, l'oreiller gonflable (lui aussi il me manque), et le Guide du Routard du Brésil dont je ne me servirai pas avant d'être repassé par BsAs de toute façon.
Et comble de la connerie, le soir même de cette deuxième chute, après n'avoir chargé sur la moto qu'un seul des deux sacs restants après ce tri en prévision du lendemain, je me suis offert la troisième chute à l'arrêt, cette fois non pas en descendant sur un rebord mais en manoeuvrant moteur éteint, la roue arrière accrochant sur le même putain de dénivelé ! J'avais heureusement tiré la leçon du matin : cette fois je l'ai laissée tomber comme une merde et pris le temps de tout démonter avant de la relever. Un incident visiblement sans influence sur le dos en rémission et sans dommages sur la moto... Quand même, je l'ai pas blindée de protections pour rien !
Le lendemain donc, réveillé sans douleur et plein d'enthousiasme, j'ai passé la matinée à envoyer mon colis vers BsAs et malgré une première douleur de la journée au moment de décoller vers le premier parc, je me suis lancé en début d'aprem à l'assaut d'Ischigualasto. 
Et il faut le dire : le Valle de la Luna mérite bien sa réputation, c'est un endroit magique dont les paysages & couleurs semblent venir d'une autre planète ! Des reliefs érodés & des formes géologiques torturées par les éléments datant de 180 à 230 millions d'années, des sols recouverts d'une poussière ultra fine, le tout allant du blanc/gris au vert en passant par l'ocre, le cuivre, et le sable, avec en fond de décor une immense falaise rouge vif et les nuages qui défilent à grande vitesse dans ce couloir gigantesque... :P Seuls quelques buissons parviennent à s'installer ici en raison des conditions météos et des caractéristiques des sols, et ces conditions extrêmes ont favorisé la préservation de fossiles entre autres choses, dont une vulgarisation est faite en un point du parc, entre deux curiosités géologiques.
Et le fait d'avoir pu le parcourir en moto n'a évidemment rien enlevé au plaisir ! A part quelques rares et légères douleurs lors de "manoeuvres d'urgence" dans le sable pour éviter la chute, je n'ai pas souffert du dos et ai maintenu mon optimisme à ce sujet jusqu'au retour en début de soirée à l'hostel de VSA.








  




        La douleur lombaire ayant malheureusement repris de plus belle au retour, j'ai été bon cette fois pour 3 jours de repos total avec une injection par jour d'un cocktail visiblement explosif, prescription que j'ai suivi avec soin pour changer. Ca m'aura au moins permis d'avancer un peu sur le blog !
Le quatrième jour enfin, ayant correctement récupéré mon dos, je me suis lancé avec toutes mes affaires en direction de Talampaya où je suis arrivé en fin de matinée. Très beau et impressionnant canyon à la terre rouge et aux pistes de sable ocre, avec là encore une peu d'archéologie et un parcours de reconstitutions d'animaux à l'entrée. Une fois acquitté de son droit d'entrée, le touriste est réuni en petits groupes d'une dizaine, chargé dans un mini-van avec un guide, et trimballé d'un bout à l'autre du canyon & retour avec quelques pauses le long du trajet... Pas aussi sympa que d'avoir sa liberté de mouvement, mais ça fait passer un moment avec des gens. Superbe canyon en tout cas, qui en met plein les yeux qu'on soit en mini-van ou en moto !
Après une balade finale en el Sendero del Triásico, je suis reparti en direction de Villa Unión où j'allais enfin rejoindre la mythique Ruta 40 ! Un trajet encore globalement rectiligne mais je voyais de plus en plus nettement à l'horizon se dessiner de superbes et hauts reliefs aux couleurs variées, cette fois c'était vraiment l'arrivée sur la Cordillère des Andes... J'en frétillais sur ma selle depuis presque 5 ans ! :D
Soirée tranquille à Villa Unión, bled fantôme perdu au creux d'une vallée reculée. Et le lendemain je faisais mes premiers tours de roue sur une Ruta 40 en travaux au début, puis sur un bel asphalte tout fraîchement terminé (ils avaient rouvert la route la veille après plusieurs mois de travaux) à travers la superbe Cuesta de Miranda, un col taillant son chemin à travers des roches exploitant toutes les nuances du rouge et parsemées de touffes vertes et jaunes d'herbes sèches et des premiers cactus du voyage ! Quelques fortes rafales de vent dans la journée m'ont fait me souvenir d'un certain "vent Zonda" dont les locaux parlaient depuis quelques jours et j'ai pensé que sans doute il s'agissait de ce dernier... J'étais loin du compte comme j'allais m'en rendre compte le lendemain ! 










  





        Je n'ai pas particulièrement apprécié Chilecito non plus et n'y ai passé qu'une nuit, mais j'étais satisfait d'en avoir fini avec les interminables rectilignes des plaines. Maintenant ça allait être les lacets andins pour un moment ! :)


17 mars 2016

Initiation off-road dans les Sierras Córdobesas

        "Vamos" ! Ce cri du coeur régulièrement lancé par Carlos a rythmé notre semaine de vadrouille, en réponse à nos flemmes matinales, à mes régulières propositions de "petite pause maté ?", et aux notifications d'appétit grandissant de Chincho ! :D
Malgré notre impatience à tous de se lancer à la découverte des magnifiques alentours de Córdoba, le premier jour aura cependant plutôt été un tour de chauffe et un rappel à une implacable réalité : "on ne négocie pas avec les événements, on s'en accommode" ! Après un réveil difficile, dommage collatéral de notre soirée de retrouvailles, et les derniers préparatifs de révision des motos et sélection des bagages pour la semaine, le groupe des Cabritos était prêt à décoller en toute fin de matinée : Carlos sur sa Honda CG125-Storm, Chincho sur sa Yamaha YBR125, Dany sur sa Honda XR125 toute fraichement achetée, Toto sur la Honda CB250-Twister qu'un de ses potes lui avait prêté pour la semaine, et moi sur la Kawa KLR650 allégée de la plupart de ses bagages - du bonheur de la retrouver toute guillerette ! 
Je précise ici que ce petit groupe présentait déjà quelques disparités notables, bien que l'on s'en soit accommodé sans problèmes : côté motos, celles de Carlos, Chincho, & Toto sont des modèles prévus pour la route goudronnée plutôt que la piste de terre en terme de suspensions et pneus, pas vraiment adaptées au programme de la semaine... Mais leurs pilotes eux avaient déjà une certaine expérience de ce type de terrain, au contraire de Dany & moi-même qui étions de parfaits débutants sur le "ripio". Pour être plus précis, Dany était même quasi-totalement débutant quel que soit le revêtement considéré, faisant preuve ici d'un indéniable courage et optimisme au regard du challenge à relever ! Et de mon côté, les quelques 230kg de la KLR ajoutaient un peu de piment à cette initiation off-road, en comparaison des nettement plus maniables 130kg maxi des autres motos du groupe, sans parler de la jante avant voilée dont j'allais découvrir les effets...
Après avoir fait le plein et fini les restes du barbec de la veille, c'est donc en début d'aprem que la troupe a finalement attaqué le menu du jour : un tracé d'un peu plus de 150kms quasi-exclusivement composé de chemins de terre amenant de Tanti à la zone dite de "los Tuneles", en passant près des sommets de "los Gigantes", pour finir théoriquement dans la ville de Mina Clavero plus au sud. Malheureusement une première crevaison de Chincho survenue après les premiers kms nous ramena aussitôt à la "gomeria" de Tanti pour une réparation express, après quelques divertissants essais d'une mousse aussi volatile qu'inutile. Etant repartis vers 15h, une deuxième crevaison de Chincho, probablement due au mauvais travail de la gomeria, nous imposa une nouvelle pause à peine plus loin que la première... Cette fois-ci, pas de mousse à 2 balles mais la bonne vieille méthode du patch sur la chambre à air, et "vamos" ! L'inébranlable volonté de Carlos à coller au programme du jour malgré le retard pris n'a cependant pas pu résister à la troisième crevaison du jour dont il fut la victime à quelques dizaines de bornes de los Tuneles, nous laissant apprécier de loin l'un des sommets baigner dans les lueurs du coucher de soleil... Changement de plan et déviation vers la ville de Villa Cura Brochero, quelques bornes avant la destination finale prévue de Mina Clavero, laissant pour le lendemain le détour par la zone de los Tuneles !
Très bonnes impressions pour cette première journée de conduite sur chemins de terre, la piste parcourue étant globalement favorable car bien compacte et sans zones de pièges. La KLR s'y est comportée sainement et j'ai pu apprécier sans frayeurs cette sensation de flottement si nouvelle pour moi après huit ans de franche adhérence à l'asphalte ! :)









        Le lendemain, ayant cette fois réussi à décoller plus tôt et n'ayant subi ce jour aucune nouvelle crevaison, nous sommes revenus sur nos pas et avons rapidement atteint la zone de los Tuneles par une superbe piste longeant les bords ouest de la sierra, avec une vue plongeante sur la province voisine de San Juan. Un mirador en bout de piste nous a aussi permis d'observer quelques condors qui nous ont gratifiés ici de vols en rase motte... Sacrée bestiole vue de si près, un bon 3-4m d'envergure et un son soyeux mais saisissant lors de leurs passages ! Après avoir profité au retour d'une offre de "cabrito braisé à volonté" dans un resto perché non loin de là ("Las Aguilas"), nous avons remis le cap au sud et rejoint le soir la ville de Merlo, en limite de la province de San Juan, en prévision de la sortie du lendemain vers le fameux "Pueblo Escondido" ("village caché"). Une nouvelle bonne journée totalisant 90kms de ripio et 200kms d'asphalte, mais parsemée cette fois pour ma part de quelques frayeurs dans des patchs de sable où le train avant s'est mis à dangereusement osciller, m'obligeant à descendre en dessous de 50km/h dans ces zones pour ne pas me mettre au tas... Pas de chute cependant, même si j'ai cru plusieurs fois ne pas pouvoir y échapper !

Une petite nouveauté à partir d'ici, je m'essaie à l'insertion de quelques vidéos pour le fun, dont je vous demanderais de pardonner l'amateurisme... Je découvre tout en vrac entre deux hostels :P










        Au programme pour ce troisième jour, le fameux "Pueblo Escondido", un bled isolé du monde dont l'accès se mérite quel que soit le moyen que l'on choisit pour l'atteindre (même GoogleMaps ne termine le tracé de son arrivée qu'en pointillé !). En effet, la piste du "Cerro Aspero" qu'on emprunte en 4x4 ou à moto pour le rejoindre est digne des plus belles affiches d'excursions aventure, et il faut en fait combiner dans ces deux cas un véhicule réellement adapté et un minimum de compétences pour en tirer parti, ou bien se résoudre à y aller à pied... comme nous allions le découvrir par la suite !
La matinée était fraiche et nuageuse, et avant que l'on ait le temps de se chauffer, un accident sans gravité de Dany a coupé court à nos prétentions de défier ces conditions défavorables... Une combinaison de quelques uns des grands classiques de l'apprentissage moto : un virage pris trop tôt à la corde - bien qu'étant resté sur sa voie, un retour excessivement rapide vers l'extérieur pour s'éloigner d'une voiture qui apparait en face, une crispation sur le frein avant qui redresse la moto et fait tirer tout-droit, et Dany est allé frotter la rambarde de sécurité avant de passer par-dessus, se faisant au passage une entorse de la cheville, peu aidé par les petites baskets qu'il portait ! Heureusement plus de peur que de mal, il a même pu ramener lui-même sa moto jusqu'à Merlo où nous l'avons accompagné à la "guardia" (urgences) puis à une clinique, jusqu'à obtention d'un diagnostique rassurant de simple entorse, ce qui allait tout de même lui compliquer les quelques jours de balade restants...
Après avoir déjeuné un bon plat d'hiver adapté au climat du jour ("guiso de lentejas"), et une fois rassurés sur la santé de notre blessé, nous avons décidé de partir dans l'après-midi en reconnaissance rapide de la fameuse piste du cerro Aspero : "Vamos" ! Et j'ai pour ma part profité de l'occasion pour temporairement remiser la lourde KLR à l'hotel et m'amuser un peu avec la super-light XR125 de Dany. Merci pour ce prêt amigo ! :)
La différence de maniabilité a été réellement flagrante et m'a offert quelques heures vraiment jouissives, me permettant d'être de plus en plus joueur quel que soit le terrain et de profiter cette fois pleinement des joies de la conduite off-road. Et il faut dire que ça tombait à pic avec cette piste clairement "enduro", sur laquelle nous avons autant tripé que ramé sans parler du nuage enrobant notre escapade... Et il aurait été impossible de passer certains passages escarpés avec la KLR, quel que soit le niveau de compétence du pilote : bien trop lourde pour freiner sa descente et clairement trop basse pour passer certaines marches ! Après avoir pris notre pied sur quelques kms de cette divertissante piste, nous nous sommes résolus à faire demi-tour à la tombée de la nuit, après un passage particulièrement ardu où même en 125 on ne parvenait à passer qu'en s'aidant chacun son tour, avançant cm par cm, soulevant et repositionnant les motos pour trouver le meilleur chemin...
De retour à l'hotel, et après avoir passé quelques moments à se poiler sur les videos du jour, on a calé la cheville de Dany dans mes bottes que je lui ai prêtées pour la fin de la semaine, me rabattant pour ma part sur les chaussures moto que j'avais heureusement emportées comme solution de repli en cas de grosse chaleur.













        Le lendemain, c'est le groupe au complet qui se lançait de nouveau à l'assaut de ce foutu village si bien caché, Dany étant prudent mais présent, et moi sur la YBR de Chincho après lui avoir refilé pour l'occaz ma Kawa. Bien que les nuages aient eux aussi renouvelé leur participation sur le départ, on a eu la chance de les voir s'éclipser au moment d'atteindre la partie la plus corsée de la piste, révélant de superbes paysages insoupçonnés la veille.
Après avoir abandonné la KLR en entrée de zone (trop) escarpée, j'ai suivi à pied les autres cabritos en tant que caméraman officiel et remplaçant sur la XR de Dany pour les rares zones où sa cheville blessée l'empêchait de passer en moto. Progressant lentement mais sûrement, le groupe s'est vaillamment battu jusqu'à ce que Carlos, en bon ouvreur ("vamos !"), ne fasse fondre ses disques d'embrayage à force de demander l'impossible à son petit 125 de ville !
C'est donc à pied que l'on a - presque - terminé le trajet jusqu'au Pueblo Escondido, un bon petit 5kms que Dany a parcouru en mode "Gandalf le fou" appuyé sur un bâton. On a en fait arrêté l'excursion une fois le village en vue, approximativement à 5kms de plus en contrebas, étant donné l'heure avancée, les motos & affaires abandonnées quelques kms en arrière, et le trajet restant jusqu'à notre point de chute du soir : Villa General Belgrano, près de 90kms plus loin. Sans oublier que la cabrita de Carlos nécessitait une réparation improvisée pour renaître de ses cendres !
Demi-tour donc après s'être reposés un moment à regarder de loin ce foutu village qui nous aura finalement échappé (décidément bien "escondido"), et opération à coeur ouvert de la Storm de Carlos, à l'ombre d'un arbre providentiel, en coupant et modifiant les dents de disques d'embrayages prévus pour la YBR125 de Chincho de façon à ce qu'ils fonctionnent pour la Storm de Carlos... Du grand art à l'Argentinian's style !
Après avoir parcouru tranquillement la superbe piste nous amenant jusqu'à Villa General Belgrano, où nous attendait une maison de campagne prêtée par le patron de Chincho, la soirée s'est organisée autour d'un barbec improvisé en avant-goût de celui plus sérieux prévu pour le lendemain.












        Pour le dernier jour de vadrouille et retour à Tanti, le trajet étant quasi-exclusivement asphalté, on en a profité Toto et moi pour échanger nos motos toute la journée, me rappelant à quel point la Twister n'était définitivement pas faite pour un grand steak comme moi... De son côté Toto a visiblement adoré la KLR ! Ayant pris le temps le matin de procéder à un peu de maintenance / réparations, il a même pu profiter d'un compteur de vitesse ressuscité (de la crasse avait envahi la vis sans fin qui fait tourner le cable au point de casser l'une des deux dents d'une bague de transmission).
Après une jolie route sans surprises, on s'est calé un fantastique barbecue ("asado" en local), géré par la main experte de Carlos, et accompagné d'une bonne bouteille de Fronsac amenée par mon père lors de ses vacances de fin 2014. Un régal, tout comme cette semaine avec les Cabritos ! Un grand merci à vous les porteños pour la buena onda partagée sur ces quelques jours ! :)
Le lendemain, jour de leur retour sur BsAs, une bonne drache matinale et la fatigue de la semaine ont eu raison du dernier "Vamos !" de Carlos, et le programme d'ultime escapade dans les environs de Tanti se changea en grasse mat' et rangement tranquille de la maison et des affaires de chacun. Après s'être séparés et souhaités une bonne continuation / retour, je suis pour ma part retourné sur Córdoba pour une petite semaine de repos et bricolage moto (essayer de régler ce problème de jante voilée qui me créait des oscillations à l'avant), en attendant que la pluie à laquelle j'avais jusqu'ici échappé passe son chemin.










        Le retour à la configuration "chargée comme une mule" de la KLR a été assez douloureux, malgré les quelques affaires laissées avant leur départ à Carlos, mais le bilan de cette semaine d'initiation aux chemins de terre était clairement positif : bien que son poids important soit un handicap indéniable en comparaison de la maniabilité d'une petite 125, le "ripio" semble globalement être à portée de la Kawa à condition de savoir l'emmener et tant que la piste reste suffisamment compacte (zones de sable réellement problématiques en revanche), et surtout ces chemins donnent accès à de pures splendeurs en terme de paysages ! A moi donc de continuer l'apprentissage de ce revêtement en me lançant dans de nouvelles portions au fil du voyage... :)