17 mars 2016

Initiation off-road dans les Sierras Córdobesas

        "Vamos" ! Ce cri du coeur régulièrement lancé par Carlos a rythmé notre semaine de vadrouille, en réponse à nos flemmes matinales, à mes régulières propositions de "petite pause maté ?", et aux notifications d'appétit grandissant de Chincho ! :D
Malgré notre impatience à tous de se lancer à la découverte des magnifiques alentours de Córdoba, le premier jour aura cependant plutôt été un tour de chauffe et un rappel à une implacable réalité : "on ne négocie pas avec les événements, on s'en accommode" ! Après un réveil difficile, dommage collatéral de notre soirée de retrouvailles, et les derniers préparatifs de révision des motos et sélection des bagages pour la semaine, le groupe des Cabritos était prêt à décoller en toute fin de matinée : Carlos sur sa Honda CG125-Storm, Chincho sur sa Yamaha YBR125, Dany sur sa Honda XR125 toute fraichement achetée, Toto sur la Honda CB250-Twister qu'un de ses potes lui avait prêté pour la semaine, et moi sur la Kawa KLR650 allégée de la plupart de ses bagages - du bonheur de la retrouver toute guillerette ! 
Je précise ici que ce petit groupe présentait déjà quelques disparités notables, bien que l'on s'en soit accommodé sans problèmes : côté motos, celles de Carlos, Chincho, & Toto sont des modèles prévus pour la route goudronnée plutôt que la piste de terre en terme de suspensions et pneus, pas vraiment adaptées au programme de la semaine... Mais leurs pilotes eux avaient déjà une certaine expérience de ce type de terrain, au contraire de Dany & moi-même qui étions de parfaits débutants sur le "ripio". Pour être plus précis, Dany était même quasi-totalement débutant quel que soit le revêtement considéré, faisant preuve ici d'un indéniable courage et optimisme au regard du challenge à relever ! Et de mon côté, les quelques 230kg de la KLR ajoutaient un peu de piment à cette initiation off-road, en comparaison des nettement plus maniables 130kg maxi des autres motos du groupe, sans parler de la jante avant voilée dont j'allais découvrir les effets...
Après avoir fait le plein et fini les restes du barbec de la veille, c'est donc en début d'aprem que la troupe a finalement attaqué le menu du jour : un tracé d'un peu plus de 150kms quasi-exclusivement composé de chemins de terre amenant de Tanti à la zone dite de "los Tuneles", en passant près des sommets de "los Gigantes", pour finir théoriquement dans la ville de Mina Clavero plus au sud. Malheureusement une première crevaison de Chincho survenue après les premiers kms nous ramena aussitôt à la "gomeria" de Tanti pour une réparation express, après quelques divertissants essais d'une mousse aussi volatile qu'inutile. Etant repartis vers 15h, une deuxième crevaison de Chincho, probablement due au mauvais travail de la gomeria, nous imposa une nouvelle pause à peine plus loin que la première... Cette fois-ci, pas de mousse à 2 balles mais la bonne vieille méthode du patch sur la chambre à air, et "vamos" ! L'inébranlable volonté de Carlos à coller au programme du jour malgré le retard pris n'a cependant pas pu résister à la troisième crevaison du jour dont il fut la victime à quelques dizaines de bornes de los Tuneles, nous laissant apprécier de loin l'un des sommets baigner dans les lueurs du coucher de soleil... Changement de plan et déviation vers la ville de Villa Cura Brochero, quelques bornes avant la destination finale prévue de Mina Clavero, laissant pour le lendemain le détour par la zone de los Tuneles !
Très bonnes impressions pour cette première journée de conduite sur chemins de terre, la piste parcourue étant globalement favorable car bien compacte et sans zones de pièges. La KLR s'y est comportée sainement et j'ai pu apprécier sans frayeurs cette sensation de flottement si nouvelle pour moi après huit ans de franche adhérence à l'asphalte ! :)









        Le lendemain, ayant cette fois réussi à décoller plus tôt et n'ayant subi ce jour aucune nouvelle crevaison, nous sommes revenus sur nos pas et avons rapidement atteint la zone de los Tuneles par une superbe piste longeant les bords ouest de la sierra, avec une vue plongeante sur la province voisine de San Juan. Un mirador en bout de piste nous a aussi permis d'observer quelques condors qui nous ont gratifiés ici de vols en rase motte... Sacrée bestiole vue de si près, un bon 3-4m d'envergure et un son soyeux mais saisissant lors de leurs passages ! Après avoir profité au retour d'une offre de "cabrito braisé à volonté" dans un resto perché non loin de là ("Las Aguilas"), nous avons remis le cap au sud et rejoint le soir la ville de Merlo, en limite de la province de San Juan, en prévision de la sortie du lendemain vers le fameux "Pueblo Escondido" ("village caché"). Une nouvelle bonne journée totalisant 90kms de ripio et 200kms d'asphalte, mais parsemée cette fois pour ma part de quelques frayeurs dans des patchs de sable où le train avant s'est mis à dangereusement osciller, m'obligeant à descendre en dessous de 50km/h dans ces zones pour ne pas me mettre au tas... Pas de chute cependant, même si j'ai cru plusieurs fois ne pas pouvoir y échapper !

Une petite nouveauté à partir d'ici, je m'essaie à l'insertion de quelques vidéos pour le fun, dont je vous demanderais de pardonner l'amateurisme... Je découvre tout en vrac entre deux hostels :P










        Au programme pour ce troisième jour, le fameux "Pueblo Escondido", un bled isolé du monde dont l'accès se mérite quel que soit le moyen que l'on choisit pour l'atteindre (même GoogleMaps ne termine le tracé de son arrivée qu'en pointillé !). En effet, la piste du "Cerro Aspero" qu'on emprunte en 4x4 ou à moto pour le rejoindre est digne des plus belles affiches d'excursions aventure, et il faut en fait combiner dans ces deux cas un véhicule réellement adapté et un minimum de compétences pour en tirer parti, ou bien se résoudre à y aller à pied... comme nous allions le découvrir par la suite !
La matinée était fraiche et nuageuse, et avant que l'on ait le temps de se chauffer, un accident sans gravité de Dany a coupé court à nos prétentions de défier ces conditions défavorables... Une combinaison de quelques uns des grands classiques de l'apprentissage moto : un virage pris trop tôt à la corde - bien qu'étant resté sur sa voie, un retour excessivement rapide vers l'extérieur pour s'éloigner d'une voiture qui apparait en face, une crispation sur le frein avant qui redresse la moto et fait tirer tout-droit, et Dany est allé frotter la rambarde de sécurité avant de passer par-dessus, se faisant au passage une entorse de la cheville, peu aidé par les petites baskets qu'il portait ! Heureusement plus de peur que de mal, il a même pu ramener lui-même sa moto jusqu'à Merlo où nous l'avons accompagné à la "guardia" (urgences) puis à une clinique, jusqu'à obtention d'un diagnostique rassurant de simple entorse, ce qui allait tout de même lui compliquer les quelques jours de balade restants...
Après avoir déjeuné un bon plat d'hiver adapté au climat du jour ("guiso de lentejas"), et une fois rassurés sur la santé de notre blessé, nous avons décidé de partir dans l'après-midi en reconnaissance rapide de la fameuse piste du cerro Aspero : "Vamos" ! Et j'ai pour ma part profité de l'occasion pour temporairement remiser la lourde KLR à l'hotel et m'amuser un peu avec la super-light XR125 de Dany. Merci pour ce prêt amigo ! :)
La différence de maniabilité a été réellement flagrante et m'a offert quelques heures vraiment jouissives, me permettant d'être de plus en plus joueur quel que soit le terrain et de profiter cette fois pleinement des joies de la conduite off-road. Et il faut dire que ça tombait à pic avec cette piste clairement "enduro", sur laquelle nous avons autant tripé que ramé sans parler du nuage enrobant notre escapade... Et il aurait été impossible de passer certains passages escarpés avec la KLR, quel que soit le niveau de compétence du pilote : bien trop lourde pour freiner sa descente et clairement trop basse pour passer certaines marches ! Après avoir pris notre pied sur quelques kms de cette divertissante piste, nous nous sommes résolus à faire demi-tour à la tombée de la nuit, après un passage particulièrement ardu où même en 125 on ne parvenait à passer qu'en s'aidant chacun son tour, avançant cm par cm, soulevant et repositionnant les motos pour trouver le meilleur chemin...
De retour à l'hotel, et après avoir passé quelques moments à se poiler sur les videos du jour, on a calé la cheville de Dany dans mes bottes que je lui ai prêtées pour la fin de la semaine, me rabattant pour ma part sur les chaussures moto que j'avais heureusement emportées comme solution de repli en cas de grosse chaleur.













        Le lendemain, c'est le groupe au complet qui se lançait de nouveau à l'assaut de ce foutu village si bien caché, Dany étant prudent mais présent, et moi sur la YBR de Chincho après lui avoir refilé pour l'occaz ma Kawa. Bien que les nuages aient eux aussi renouvelé leur participation sur le départ, on a eu la chance de les voir s'éclipser au moment d'atteindre la partie la plus corsée de la piste, révélant de superbes paysages insoupçonnés la veille.
Après avoir abandonné la KLR en entrée de zone (trop) escarpée, j'ai suivi à pied les autres cabritos en tant que caméraman officiel et remplaçant sur la XR de Dany pour les rares zones où sa cheville blessée l'empêchait de passer en moto. Progressant lentement mais sûrement, le groupe s'est vaillamment battu jusqu'à ce que Carlos, en bon ouvreur ("vamos !"), ne fasse fondre ses disques d'embrayage à force de demander l'impossible à son petit 125 de ville !
C'est donc à pied que l'on a - presque - terminé le trajet jusqu'au Pueblo Escondido, un bon petit 5kms que Dany a parcouru en mode "Gandalf le fou" appuyé sur un bâton. On a en fait arrêté l'excursion une fois le village en vue, approximativement à 5kms de plus en contrebas, étant donné l'heure avancée, les motos & affaires abandonnées quelques kms en arrière, et le trajet restant jusqu'à notre point de chute du soir : Villa General Belgrano, près de 90kms plus loin. Sans oublier que la cabrita de Carlos nécessitait une réparation improvisée pour renaître de ses cendres !
Demi-tour donc après s'être reposés un moment à regarder de loin ce foutu village qui nous aura finalement échappé (décidément bien "escondido"), et opération à coeur ouvert de la Storm de Carlos, à l'ombre d'un arbre providentiel, en coupant et modifiant les dents de disques d'embrayages prévus pour la YBR125 de Chincho de façon à ce qu'ils fonctionnent pour la Storm de Carlos... Du grand art à l'Argentinian's style !
Après avoir parcouru tranquillement la superbe piste nous amenant jusqu'à Villa General Belgrano, où nous attendait une maison de campagne prêtée par le patron de Chincho, la soirée s'est organisée autour d'un barbec improvisé en avant-goût de celui plus sérieux prévu pour le lendemain.












        Pour le dernier jour de vadrouille et retour à Tanti, le trajet étant quasi-exclusivement asphalté, on en a profité Toto et moi pour échanger nos motos toute la journée, me rappelant à quel point la Twister n'était définitivement pas faite pour un grand steak comme moi... De son côté Toto a visiblement adoré la KLR ! Ayant pris le temps le matin de procéder à un peu de maintenance / réparations, il a même pu profiter d'un compteur de vitesse ressuscité (de la crasse avait envahi la vis sans fin qui fait tourner le cable au point de casser l'une des deux dents d'une bague de transmission).
Après une jolie route sans surprises, on s'est calé un fantastique barbecue ("asado" en local), géré par la main experte de Carlos, et accompagné d'une bonne bouteille de Fronsac amenée par mon père lors de ses vacances de fin 2014. Un régal, tout comme cette semaine avec les Cabritos ! Un grand merci à vous les porteños pour la buena onda partagée sur ces quelques jours ! :)
Le lendemain, jour de leur retour sur BsAs, une bonne drache matinale et la fatigue de la semaine ont eu raison du dernier "Vamos !" de Carlos, et le programme d'ultime escapade dans les environs de Tanti se changea en grasse mat' et rangement tranquille de la maison et des affaires de chacun. Après s'être séparés et souhaités une bonne continuation / retour, je suis pour ma part retourné sur Córdoba pour une petite semaine de repos et bricolage moto (essayer de régler ce problème de jante voilée qui me créait des oscillations à l'avant), en attendant que la pluie à laquelle j'avais jusqu'ici échappé passe son chemin.










        Le retour à la configuration "chargée comme une mule" de la KLR a été assez douloureux, malgré les quelques affaires laissées avant leur départ à Carlos, mais le bilan de cette semaine d'initiation aux chemins de terre était clairement positif : bien que son poids important soit un handicap indéniable en comparaison de la maniabilité d'une petite 125, le "ripio" semble globalement être à portée de la Kawa à condition de savoir l'emmener et tant que la piste reste suffisamment compacte (zones de sable réellement problématiques en revanche), et surtout ces chemins donnent accès à de pures splendeurs en terme de paysages ! A moi donc de continuer l'apprentissage de ce revêtement en me lançant dans de nouvelles portions au fil du voyage... :)

6 commentaires:

  1. Elles sont très bien tes vidéos ;)
    Et beaux lâchages sur la piste, euh la route... :)
    byzzz

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  2. Gracias, improvisées à l'Argentinian's style comme l'embrayage de Carlos ! :)
    Et c'est vrai que le retour sur l'asphalte après une semaine de prudence sur le ripio nous a fait ré-apprécier l'adhérence du bitume :D
    Abrazo

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  3. Pareil sur les vidéos, ça fait plaisir de monter un peu sur la moto avec toi ! ^^
    Coool les paysages et les ambiances, t'as intérêt d'éviter les plaines agricoles après des passages comme ça ^^ La conduite sur asphalte donne pas mal envie aussi, j'imagine qu'il faut rester prudent mais ça doit changer du "ripio"! et coool aussi de partager tout ça avec des potes ^^ (et avec nous!)

    Disfruta hermano, abrazos grandissimos!

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    1. Prazer irmão ! :)
      Et oui les 2 sont très différents mais bonnards tous les 2 ;)
      Et por suerte j'ai eu très peu de plaines ensuite avant de me mettre vraiment dans la cordillère, où a commencé une session de virages de qq milliers de kms ! :P
      Abrazo

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  4. Yep l'ami ! Trop content de monter un peu sur la moto avec toi ! Bien chouettes ces vidéos, Lauranne et moi on a particulièrement aimé celle de Los Tuneles (putain les sensations de vide!) et celle des condors. Elle avait l'air pas mal ta petite virée.
    Depuis j'imagine que t'as dû en bouffer de l'asphalte des montagnes.. voire du sable aussi, mais en plus rocailleux.. et qui sait, peut être qu'à l'heure où on te parle t'as déjà rejoins la Colombie! Attention à l'Equateur quand même, là bas c'est pas la moto c'est le bitume qui est pas stable!..
    Trève de connerie, ça me fait franchement de la peine, surtout pour avoir connu les endroits touchés. Fais juste gaffe mon pote,
    A bientôt sur ces lignes

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    1. Yes amigo, Colombia ahorita et déjà sur le voyage de retour !
      J'ai donc été épargné par ce tremblement en Equateur, et verrai en y passant... Je donnerais des news bientôt ;)
      Abrazo

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